Je me souviens de la première fois que ma mère, Josy, était venue pratiquer zazen avec maître Deshimaru. À cette époque-là, ma mère critiquait énormément maître Deshimaru : « Ce type-là, il a pris mon fils ! »
Ma mère avait fait un sketch féministe à la fête du camp d’été de Val-d’Isère.
Alors Sensei dit : « Je ne veux pas de féminisme dans le zen, tout le monde doit être pareil. Les hommes, les femmes doivent être en bonne harmonie, je ne veux pas faire de séparation. »
Pendant la sesshin, il y avait une femme qui était folle. Elle avait réveillé tout le monde pendant la nuit. Tout d’un coup pendant le zazen, elle se lève et se met à crier avec violence.
Alors, Sensei dit : « Il faut appeler une ambulance, il faut qu’elle aille à l’hôpital. »
Plus tard, il y a un mondo. Ma mère pose une question. Très agressive, elle posait tout le temps des questions à maître Deshimaru : « Sensei, vous dites qu’ici c’est du bouddhisme, et que nous devons avoir de la compassion. Pourquoi envoyez-vous cette fille à l’hôpital psychiatrique ? On devrait au contraire tous s’en occuper. »
Sensei lui répond : « Vous ne comprenez pas ? Alors, vous devez vous aussi aller à l’hôpital. D’ailleurs, si votre fils n’avait pas suivi mon enseignement, il serait complètement fou, aujourd’hui. C’est moi qui l’ai sauvé, votre fils. Vous êtes une mauvaise éducatrice. Vous devez partir, vous êtes folle. Vous ne comprenez pas que c’est stupide de déranger toute une sangha à cause d’une personne qui est malade. Après, tout le monde devient fou. »
Plus tard, il lui déclare : « Je ne veux pas être votre maître. Je ne veux pas vous éduquer. Devenez plutôt la disciple de votre fils. »
Après, ma mère a changé son idée sur maître Deshimaru. Elle a abandonné ses préjugés. Elle a compris qu’il était un maître, et elle a commencé à pratiquer zazen très sérieusement. Elle a fini par déclarer : « Je voudrais recevoir l’ordination de maître Deshimaru. » Malheureusement, maître Deshimaru est mort au moment de lui donner l’ordination. Il lui a juste donné un rakusu.
Maître Kosen – Août 2001