J’ai connu Sensei par l’intermédiaire de mon fils Stéphane Kosen. Je n’étais pas pressée de pratiquer. Je faisais partie d’un groupe très actif de féministes et on luttait contre le patriarcat. Alors, les patriarches zen, ça ne m’intéressait pas.
Petit à petit, j’ai vu que Stéphane changeait et ça m’a incité à venir. J’ai commencé à pratiquer l’été 1978 à la sesshin de Val-d’Isère. J’ai toujours eu un très fort esprit de provocation. Pour le manifester, j’écrivais des sketchs et des chansons [sur l’air de La mauvaise réputation de Brassens] :
Ce que maître Dogen a dit,
L’applique-t-on rue Pernety ?
Homme/femme l’un à l’autre égal,
Au Dojo d’Paris, c’est que dalle !
Sensei l’a très mal pris.
L’année suivante, je me suis dit : « Je vais refaire une sesshin, recommençons l’expérience. » J’avais préparé aussi une chanson [sur l’air de La Parisienne de Marie-Paule Belle] qui disait :
Je ne suis pas encore nonne, on s’étonne, on s’étonne,
Je n’suis pas bodhisattva, on me dit que ça va pas !
Je n’ai pas de rakusu, je m’en fous je m’en fous,
Mais je suis mushotoku, et je le suis jusqu’au cou !
Je n’ai pas le satori, c’est tant pis, c’est tant pis !
Et Sensei l’a pris avec le sourire.
Interview de Josy Thibaut par Ko Ei en 2017